NIKKI

La ville de NIKKI est située dans la partie orientale du Département du Borgou dans le Nord-Est béninois, le plus vaste du pays avec ses 51.000 km². La population de NIKKI est estimée à 14.473 habitants au recensement de Février 1992. Chef-lieu de la Commune portant son nom, NIKKI est à une vingtaine de kilomètres de la frontière nigériane, 115 km de Parakou et 555 km de Cotonou. Zone de transition entre le climat sud-soudanien humide et le climat tropical sec, la région de NIKKI possède une végétation de savane humide arborée. Zone de transition à une seule saison de pluie entre Avril-Mai et Octobre, la température moyenne varie de 15°c en période d’harmattan (Décembre-Février) à 37°c pour le reste de l’année. Les températures extrêmes peuvent atteindre 40°c en Avril-Mai. L’humidité relative passe de 20 % en Janvier à 98 % en Août. C’est la région qui est considérée comme le berceau des BAATOMBOU appelés par déformation ” Bariba “.

Le Musée Royal

Ancienne résidence d’un Roi Bariba, ce musée est situé dans les environs de Danri mais n’a plus rien d’autre que le bâtiment lui-même. L’extérieur est très bien à voir mais l’intérieur n’a rien que l’on puisse regarder. L’histoire de NIKKI est très mouvementée à cause de la force du pouvoir politique Wassa n’gari qui a été très tôt installé à côté du pouvoir économique, religieux et spirituel des autochtones BAATOMBOU (Bariba). La coexistence de ces deux types de pouvoirs complémentaires a fait la richesse et la solidité des structures traditionnelles de ce royaume.

La Fête de la Gaani

NIKKI reste encore aujourd’hui le siège du pouvoir politique traditionnel que dirige le Souverain ou le SINABOKO. L’une des marques de la pérennité de ce pouvoir est sans conteste la fête annuelle de la Gaani.

Signification

La Gaani signifie joie, victoire (ou nassara).C’est une cérémonie tribale de caractère animiste célébrée par la suite sous le prétexte de la fête musulmane.C’est la fête de la danse ayant pris des formes avec l’ère Wassa n’gari qui a introduit des changements socio-économiques.C’est le moment d’extase où le peuple Baatonu se sent en vie, où ” il communie et se communique les souvenirs que des moments de tristesse allaient rendre désuets.Le réveil des meilleurs souvenirs, la naissance et la renaissance de la solidarité et de la fraternité.La compréhension de la société Baatonu à travers les méandres de ses valeurs culturelles.

La Gaani, c’est un phénomène social total, une force vers laquelle concourent des éléments juridico-politiques, socio-culturels et esthético-économiques.

Implication socio- économiques de la Gaani

Tout un mois est consacré à la recherche financière de l’organisation de la Gaani. Deux sources essentielles pour la collecte des fonds en vue de la célébration de cette grande fête :

• les dons provenant de tous les villages du royaume : vivres, bêtes, argent, effets vestimentaires ;

• les saisies opérées autrefois par les Chefs régionaux et dont ils doivent rendre compte au Roi.

Jour de don, la Gaani est surtout un jour de Consommation, de destruction de richesses dont la fonction est d’acquérir, de maintenir, de réaffirmer ou d’augmenter le pouvoir politique ou la position sociale du groupe qui l’organise.

La Gaani est une fête. C’est la deuxième fête de l’année chez les BAATOMBOU après celle du ” DONKONROU ” (ou fête de jet de feu) qui représente la cérémonie du Nouvel An. Plusieurs versions sont avancées pour expliquer sa genèse :

• la Gaani serait un jour commémoratif de l’amnistie des Musulmans avec les peuples païens, en général, et les Baatombou en particulier, en guerre les uns contre les autres. Le jour de l’anniversaire du Prophète MAHOMET, les armes se sont tues et les païens en ont profité pour s’échapper définitivement de l’emprise de l’Islam. De ce fait, la Gaani coïncide toujours avec le MULUD ou jour anniversaire de la naissance du Prophète. Cette fête a lieu le 12ème jour du 3ème mois lunaire de l’année chez les Baatombou.

• la Gaani serait le jour de la mort du Prophète Mahomet, coïncidant avec le jour de naissance. Ce jour anniversaire serait fêté par les Musulmans, alors que les païens infidèles, les Baatombou, fêtent la mort du Prophète pour leur joie de libération des guerres islamiques.

• la Gaani serait une danse pour marquer le Nouvel An, une fête antérieure à l’ère Wassangari. La preuve, les noms comme ” WOROU GAANI ” ” BIO GAANI ” ” SABI GAANI ” ” YON GAANI “, ” BONA GAANI ” étaient connus. En effet, chez les Baatombou les enfants nés au cours du mois de la Gaani prennent le prénom ” Gaani ” ajouté à leur prénom d’ordre de naissance, quel que soit leur sexe.

Originellement, la Gaani se fêtait partout dans le BARUWU ou BORGOU (pays Baatonu). NIKKI n’est devenu le centre de convergence de la fête qu’à partir du Souverain SOUNON SERO, le premier grand Roi de la classe politique Wassa n’gari. Les nouvelles formes de la Gaani datent de cette époque.

Déroulement

1 - Un mois avant la Gaani

Cette fête grandiose se prépare au 2ème mois du calendrier Baatonu, le mois de DON KON WONNON qui prend le nom de GAANI GOBI KASO (ou mois de recherche financière de la Gaani).

2 - Une semaine avant la Gaani

Au cours de la semaine qui précède le jour de la fête, le Roi invite au Palais certains dignitaires susceptibles d’intervenir efficacement, par les moyens occultes, pour assurer la sécurité de tous les participants.

3 - La veille de la Gaani

La veille de la fête, au soir, les Tambours et les Trompettes Royaux du SINABOKO sont mis en place. Il y a une veillée toute la nuit, au son des Tambours et Trompettes Royaux joués par le groupe KIRIKU formé des récadaires du Souverain.

4 - Le jour de la fête ou SONRIKOU

La Gaani, si elle tombe un vendredi, est reportée au samedi, car le vendredi est un jour de Conseil des Ministres présidé par le Roi.

a) Dès 7 heures du matin : Exécution des compétitions hippiques.

b) La longue ronde cérémoniale royale.

Le jour de la fête, à 14 heures : sortie majestueuse du Roi dans la cour du Palais, sous les ovations de la foule et aux sons des Tambours et Trompettes Royaux, puis des autres tam-tam et tambourins à aisselle. C’est le début de la longue ronde cérémoniale de 12 km environ pour la visite des lieux sacrés.

Le cortège est composé comme suit :

- Une équipe des GUANKOU et BAROBOU (joueurs de tam-tam non sacrés pour louer le Roi ou tara) ; puis viennent :

- BAA AGBAN, chargé de la sécurité et du protocole ; c’est le Chef des KIRIKU ou récadaires à la cour ;

- SINADOUNWIROU : C’est le premier Ministre qui fait les premiers sacrifices et les premières cérémonies dans le royaume ;

- YANKPE : C’est le griot interprète de WOROU TOKOURA, éminent généalogiste du Roi ;

- Trompettistes à pieds,une foule de cavaliers,enfin la masse des populations.

c) Les Lieux sacrés visités

Le cortège ainsi formé visite les lieux suivants :

Station N° 01 : LEMANNOU ou DEMANNOU, la maison de Magazi où le Roi rencontre IMAM et son Adjoint NAIMI. C’est chez le Chef de culte Musulman ou IMAM, à 2 km du Palais Royal

Station N° 02 : TOO (ou TEM) YANKOU BAKARAROU, à 2 km 500 du Palais. C’est le “gros tas d’ordures ” où le Roi fait encore des prières selon un rituel particulier.

Station N° 03 : DAKIROU , à 3 km du Palais,C’est l’emplacement des tombes de BAKE DOUE et de son frère SERO BETETE qui, ayant appris la défaite de l’armée de NIKKI devant celle des Fulbé (Peulh), auraient disparu en cet endroit. Le Roi fait les mêmes prières avec sa calebasse.

Station N° 04 : BANTIAROU, à 3 km 500 du Palais, C’est le lieu des puissants Princes où gît FAROU YEROUMA, un Prince de grande renommée. Le Roi fait les mêmes prières.

Station N° 05 : Palais royal de DANRI, à 6 km, c’est le quartier de la dynastie DAFIAROU ou LAFIAROU où se trouvent les tombes des Rois KPE LAFIA GAMBAROU SOUANROU, de KPE SOUMAILA SERO, de SERO SOORO Alias SOUNON LAFIA et de SABI NAÏNA. Le Roi rend hommage à ces défunts en s’inclinant sur leurs tombes.

Station N° 06 : Emplacement des Tambours Sacrés dans la Cour du Palais, le Roi se présente devant les Tambours sacrés, sans aucun cérémonial particulier.

Station N° 07 : BANKPILOU, à 11 km,c’est la tombe du Roi KPE GOUNOU KABA WOUKO ; le Roi rend hommage à cet illustre défunt avec le même cérémonial de prière et de bénédiction.

Station N° 8 : Devant les tambours sacrés, le Roi se présente une seconde fois aux Tambours royaux.

Station N° 09 : Installation dans la case ronde.

a) Le Roi entre à l’intérieur du Palais ; il descend de son cheval et rentre dans la case ronde ” SINKO ” où il retrouve sa sœur,GNON KOGUI, pour suivre le déroulement des festivités, entouré de ses Ministres et d’autres dignitaires.

b) Le sens de la ronde royale.Le but de cette ronde royale est de prier pour tout le royaume au début de l’année nouvelle.

c) Après ce rituel exécuté à cheval sous les ovations de toute la foule, c’est le tour des Chefs de village ou de principauté de se présenter aux Tambours sacrés suivants un ordre précis.

5 - Le lendemain, le peuple se réunit de nouveau au Palais pour recevoir du Roi, (SINABOKO) les vœux du Nouvel An. C’est la cérémonie de KAYESSI au cours de laquelle se déroule toute l’histoire du royaume dans ses réalités sociologiques et culturelles.

Savè

Située à 255 km de Cotonou la ville de Savè ou Shabè encore appelée pays des mamelles est une région pittoresque du département des collines.

On y trouve :

- Le ”Oké/OYI-Amon” : colline produisant du beurre à vertu thérapeutique,

- Le ”Oké/Adjabgo” : lieu sacré, siège des divinités Tchabè,

- Les mamelles : Colline ayant la forme des mamelles d’une jeune fille,

- La danse Guèlèdè, genre oral récemment inscrit au patrimoine mondial intangible. Dans le cadre du rayonnement de ce genre oral, une maison de ”Guèlèdè” sera construite à Savè pour la recherche, la documentation l’information, la formation et l’animation,

- Le Palais royal (qui sera bientôt rénové).